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ET SOUDAIN L’EVEIL
Quel est le regard porté par de jeunes adultes du XXI ème siècle sur le statut des enfants d’une époque surannée ?
C’est à travers cette question fleuve, que
la jeune metteur en scène Lea Sananes tisse sa toile et s ‘approprie le
chef d’oeuvre de Wedekind.
L’Eveil est certainement l’une des oeuvres
les plus complexes de l’auteur et la plus dangereuse à mettre sur pieds.
L’écueil est facile. Mais surtout comment rendre le propos cohérent et
moderne sans le trahir. Dans cette fable, l’auteur raconte les troubles
de l’adolescence, leur joie, leur mal-être. Il sait utiliser sa poésie
pour livrer leurs doutes et leurs questions, mais surtout leur peur face
a la découverte d’une sexualité naissante. Aujourd’hui le propos
pourrait déconcerter, et pourtant l’actualité de certains pays étrangers
pourrait encore y trouver un écho, une réponse. A travers les yeux de
Wendla, Martha, et tant d’autres, le spectateur va devenir le témoin
privilégié de leur parcours, teinté d’amour, d’illusion et de violence
UNE SUPERBE REUSSITE
Merveilleuse représentation que celle de cet
éveil. Ils sont jeunes mais ce sont déjà d’immenses comédiens. Ils
jouent dans un théâtre de poche mais c’est un grand spectacle qu’ils
offrent à leur public. Lea Sananes a su tirer le meilleur parti de cette
pièce. Par un montage juste et parfait, elle fait jaillir l’essence
même de la pièce. Sa mise en scène, entre symboles et rêveries est une
grand réussite. Rien ne sonne faux. Rien n’entache les mots de l’auteur,
déjà si lourds de sens.
Mais cette parenthèse dans le monde de
l’adolescence doit tout à ses comédiens de talent. Juliette Raynal
compose la plus parfaite Wendla depuis bien longtemps. Son visage mutin,
au teint de porcelaine est un délice. Elle donne un relief bouleversant
à son personnage, passant de la naïveté au désespoir, de la joie à la
destruction. Elle rayonne et habite son personnage avec une superbe
aura. Tania Markovic, malgré son jeune âge, est une mère incroyablement
juste et profonde. Elle ne surjoue jamais et interprète son personnage
avec une vérité déconcertante. Mathieu Husson est un Melchior dans l’air
du temps, beau et troublant, parfait dans chacune de ses scènes. Lea
Sananes est sublime en Ilse, fatale et vénéneuse.
Le coup de coeur revient à Valentin Besson.
Sa composition de Moritz est tout simplement bouleversante de génie et
de talent. Il ne fabrique rien, n’insiste jamais sur les effets, donne
du corps à chacun de ses mots. Son visage d’Auguste triste ne donne que
plus de profondeur à son jeu. Point d’orgue lors de la scène finale ou
son personnage réapparait sous les traits d’un homme au visage de joker
(une belle idée). Un grand comédien vient de naître.
La musique de Morse, les chorégraphies viennent compléter ce tableau déjà parfait.
Une merveille de spectacle.
L’EVEIL DU PRINTEMPS
Théâtre Pixel
Olivier Berlioz pour "Folles Chroniques"
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